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Dailymotion/Yahoo: Soutien à Montebourg

04 May

2013

Yann Bidon
ÉcritPar  Yann Bidon
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Dailymotion/Yahoo: Soutien à Montebourg

Il y a une vive polémique sur l'affaire Dailymotion/Yahoo! et des avis divergents sur la position d'Arnaud Montebourg qui a bloqué les négociations en exigeant un 50/50 alors que Yahoo! comptait plus sur 75%. Cela a abouti par le départ de Yahoo! et depuis les réactions fussent. Le Wall Street Journal parle de travers nationaliste, que les entreprises sous l'égide d'État ont tendance à rester petite, que c'est un mauvais signe pour les investisseurs étrangers.

Cet article me fait sourire venant d'un pays se disant libéral mais où la préférence nationale y est présente, où il y a un protectionnisme aux frontières par des taxes ou des normes. Normes par exemple qui interdisent le fromage français pour des raisons sanitaires. Mais oui, critiquez l'intervention dans l'État dans son économie, huez son travers nationaliste. En France, il y a une expression qui dit "voir la paille dans l'œil de son voisin et ne pas voir la poutre dans le sien". Ils seraient bien avisés de revoir leurs copies avant de critiquer celles des autres. Les entreprises sous l'égide d'État ont tendance à rester petite. Ne vous inquiétez pas, on va parler de France Télécom/Orange, propriété à 27% de l'État. Mais je peux aussi citer GDF Suez, deuxième groupe mondial de l'énergie, devenant la plus grande société de services au public au monde en termes de chiffre d’affaires et le premier producteur indépendant d'énergie au monde depuis son rapprochement avec l'électricien britannique International Power fin 2010.

Pour ceux qui gueulent "les politiques n'ont pas à se mêler de l'économie", il ne vous aura très certainement pas échapper qu'on n'est dans un système assez keynésien, où l'État a un rôle majeur sur l'économie. En effet, l'État est un fond de soutien pour ses entreprises, via le FSI, la Caisse des dépôts et consignations, APE, Oséo et maintenant la BPI. Mais il n'est pas là que pour faire de l'assistanat et doper ses entreprises, il est aussi là pour faire des investissements stratégiques pour la France. C'est-à-dire qu'il investit dans des entreprises porteuses pour la France, qui lui permet d'assurer son indépendance (énergétique ou en télécommunication, par exemple) et une bonne place dans l'échiquier mondial. Et on a beau critiquer Dailymotion, que par rapport à YouTube, c'est nul, leur algo de recherche est guère performant, etc..., il n'empêche que Dailymotion est le 3e site de partage de vidéo au monde, ce qui est honorable quand on sait qu'il n'est guère présent aux USA et en Asie et qu'il est surtout présent en Europe. Donc les possibilités de croissance sont intéressantes. C'est également le 44e site le plus visité au monde d'après Google, ce n'est pas rien. Il est, certes, loin de la notoriété de YouTube. On parle de 4 milliards d'heures de vidéos vues par mois pour YouTube, ce dernier s'est vite empressé de sortir ses derniers chiffres annonçant finalement 6 milliards d'heures de vidéos vues mensuelles. Dailymotion en est à 2.5 milliards. Et c'est pour cela que la France l'avait acheté, via le FSI qui est le Fond Stratégique d'Investissement. C'est un investissement stratégique!

Dailymotion, un investissement stratégique? Tu ne pousses pas un peu le bouchon. Absolument pas. Dailymotion est le 3e site de partage de vidéos, c'est donc un diffuseur de contenus. De plus, il est français, il est donc assujetti à l'exception culturelle. Cette dernière veut que les diffuseurs de contenus culturels favorisent les contenues français et européens et/ou financent leurs créations. Avoir un acteur comme celui alors que la télé connectée se développe de plus en plus, les gens passent de plus en plus de temps sur des services comme YouTube au détriment de la télévision est une excellente opportunité pour la France, la culture et création française. C'est grâce à cette exception que notre secteur culturel résiste tant bien que mal, notamment à l'hégémonie américaine. Et Dailymotion est le fer de lance de cette exception dans les services numériques. C'est en cela qu'il est stratégique, pas juste car c'est une entreprise qui aurait réussi.

Vous allez me rétorquer que Dailymotion a pourtant bien besoin d'un partenaire pour aller s'étendre aux USA...Heu non, ce n'est pas une nécessité absolue. Il serait plus facile d'entrer sur le marché américain avec un partenaire mais la maison mère est quand même Orange. Si Orange, un des grands opérateurs de télécommunication, n'est pas capable de promouvoir un service aux État-Unis, quelle honte. Mais Orange rappelle que ce n'est pas un partenaire financier qu'elle cherche, elle a l'argent...Bah alors?! Si ce n'est pas la preuve d'un désintérêt d'Orange pour le développement de Dailymotion. C'est pour cela que Dailymotion ne se développe pas, car Orange n'en veut pas. Il l'a sans doute pris sous commande de l'État et veut s'en débarrasser. À l'État aussi d'imposer cette investissement auprès d'Orange. Deezer, lui, se développe à l'étranger et Daily non? Orange est guère motivé, là est le problème. En soi, ils n'ont pas besoin de partenaires, mais bon...

Alors parlons justement du potentiel partenaire, Yahoo!, magnifique concurrent de Google, au combien de fois dans des situations financières compliquées, dont les PDG ne cessent de gicler. Des nombreuses acquisitions de Yahoo! ont fini par des échecs: Geocities, Del.icio.us (qu'ils ont dû vendre en 2010), Webjay ou encore, au hasard, Maven Networks qui étaient une plateforme de vidéos en ligne. Je n'aimerai pas que Dailymotion suive ce chemin, le vendre à une entreprise qui la plombe. Voilà pourquoi Montebourg veut garder 50%, pour garder le contrôle. Je vais prendre l'histoire de Pechiney. Pour citer Wikipédia: "Pechiney était un groupe industriel français, actif dans les domaines de l'aluminium (production et transformation), de l'électrométallurgie, de l'emballage, de la chimie, et du combustible nucléaire. Six grands producteurs d'aluminium intégrés verticalement dominaient historiquement le secteur : Alcoa, Alcan, Kaiser, Reynolds, Alusuisse et Pechiney.". Pechiney avait fusionné avec Ugine Kuhlmann en 1971 et est devient le premier groupe industriel privé français, présent dans l'aluminium, la chimie, le cuivre, le combustible nucléaire, les aciers spéciaux. Avec le choc pétrolier de 1973, la pétrochimie va mal et donc la gauche arrivée au pouvoir en 1981 la nationalise pour la sauver. Après restructuration, l'État rend son indépendance à Pechiney et que se passe-t-il? Une OPA hostile est lancée contre Pechiney par Alcan. L'État n'est plus là pour dire non, on ne vend pas. Et bien Pechiney s'est fait absorber par Alcan. Puis il y a eu des aléas financiers, on disloque tout Pechiney qui disparut finalement. Le contrôle d'une entreprise par l'État est également là pour éviter de se faire bouffer par les marchés financiers et conserver ainsi nos fleurons, notre leadership.

Donc au final, je suis plutôt satisfait par l'intervention de Montebourg et puis, il y a bien d'autres candidats qui sont intéressés, même à 50%. Il y a Vivendi par exemple, maison mère d'Universal, très présente aux USA. Donc bon, faut arrêter de dramatiser cette intervention de Montebourg que je soutiens, je le rappelle. Merci de ne pas avoir céder aux sons de cloches des libéraux et de penser aux intérêts de la France...Ho on me dit que c'est le rôle d'un ministre, certains devraient plutôt prendre exemple plutôt que le houspiller.

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