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S'il y a voyage dans le temps, alors on est en multiverse

31 Jul

2016

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Écrit Par  Yann Bidon
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S'il y a voyage dans le temps, alors on est en multiverse

J’adore les histoires sur le temps. Que cela soit dans les livres, les jeux vidéos, chaque scénario touchant au voyage temporel s’amuse à jouer avec nos esprits et notamment avec les paradoxes qu’il engendre. Mais est-ce vraiment des paradoxes? Telle est la question. Pour beaucoup, ce n’est pas le cas si on se positionne dans la théorie du multiverse. Qu’est-ce que le multiverse? C’est l’idée que la dimension temporelle ne soit pas unidimensionnelle. Pour dire les choses plus simplement, la trame du temps n’est pas une ligne mais plutôt un arbre, un arbre infini où chaque branche représenterait une variation de la réalité. Ainsi, il existerait des dimensions où je n’écrirai pas cet article, soit parce que je ne serai pas né, soit car le temps ne m’intéresserait plus, soit car j’aurai d’autres choses à faire, soit parce que je l’aurais déjà fait dans le passé et n’aurais plus à la faire maintenant ou encore bien d’autres raisons. Bien sûr, tout cela n’est à ce jour qu’une théorie, pour la pure et simple raison, qu’on n’a pas pu encore passé d’une dimension à l’autre, tout comme on a pu voyager dans notre propre dimension selon l’axe temporel. Tout ceci est donc purement conceptuel et n’est donc qu’une vision abstraite du temps et de l’espace pour l’Homme.


Nonobstant, si on accepte qu’il y a des voyages temporelles (ce qui est déjà un gros “si”), alors je prêche pour dire qu’on est en multiverse car cela résout tous les paradoxes. Prenons le paradoxe du grand-père. Un homme remonte dans le temps pour tuer son grand-père avant la naissance de son père ou de sa mère. Son grand-père ne va pas avoir d’enfants donc nous, nous ne naîtrons pas non plus, en l’absence d’un de nos parents. Si nous ne naissons pas, comment diable avons-nous tuer notre grand-père? Ce n’est pas possible, donc notre grand-père vit. Donc on n’est né. Donc on va tuer notre grand-père. En l’occurrence, cela ne peut être une boucle car mon grand-père ne peut-être mort et vivant à la fois sur une même trame temporelle. Ce n’est pas un problème comme le chat de Schrödinger où c’est l’observation qui statue l’état du chat. Car imaginons qu’on ait qu’une trame temporelle et qu’on fait le paradoxe du grand-père, moi, personne extérieure, si je vais chez le grand-père en question, comment le vois-je? Mort ou vivant? Ici, la simple observation ne suffit pas. car il n’y a qu’une seule façon de le voir et on a pourtant deux états superposés. En réalité, ce qui se passe est qu’on a brisé une des lois fondamentales de la physique, le principe de causalité. Une cause précède forcément l’effet. L’effet ne peut précéder la cause. Qu’est-ce que ça veut dire? Est-ce une précédence temporelle? On a choisit le terme précédence car nous sommes jusqu’à preuve du contraire sur une ligne temporelle fixe. Dans le cas des voyages temporelles, c’est plus ambiguë. Cela signifie plus précisément que l’effet ne peut en aucun cas altérer la cause dont il résulte.


Positionnons-nous sur le multiverse. On a donc un univers alternatif qui se crée à chaque variation, à chaque altération de l’Histoire. On ne serait plus sur une ligne continue comme précédemment mais sur un immense arbre. Lorsque je remonte le temps, je ne remonte pas réellement sur mon passé. Je vais sur une autre branche car ma présence même en cette période (celle de mon grand-père) est une différence, une altération de ce qui s’est passé “originellement” (comprendre, ce qui s’est passé sur la branche dont je viens qui n’est pas nécessairement l’origine). Tout est comme à l’époque, l’univers est presque une copie au détail près que cette fois, je me suis “téléporté” à cette époque. De là, si je tue mon grand-père, ce que je vais changé est le “futur” de cette branche et non la mienne. Sa mort va avoir d’énormes conséquences assurément mais celles-ci n’affecteront en aucun cas ma branche. Elles impacteront la branche où j’ai voyagé, l’univers alternatif. En cela, je ne brise aucunement le principe de causalité. Car les conséquences n’affectent pas ma cause. Ma cause est là et existe bien avant les conséquences dans mon référentiel. Il y aura tout simplement deux univers, l’un où mon grand-père vit sa vie normalement et l’autre où je viens le tuer. Par un raisonnement similaire, cela résout aussi le paradoxe de Shakespeare. D’un côté, on aura l’univers où Shakespeare écrit Hamlet et l’autre où je lui ai apporté. Et tout ça avec juste deux branches (en gros, en 5 dimensions).

Cependant, on peut reporter le même problème que sur la trame unidimensionnelle. Imaginons que mon père voyage dans le temps pour voir son père et me voit ainsi le tuer. Horrifié, il revient alors dans sa trame à lui et décide de me tuer à la naissance car il ne supporte pas d’avoir enfanté un monstre. Du coup, si je meurs, je ne peux pas voyager dans l’autre dimension pour tuer mon grand-père. Donc la branche se développe avec mon grand-père en vie. De l’autre côté, si je ne tue pas mon grand-père, alors mon père n’aurait aucune raison de me tuer à la naissance. Donc il ne me tue pas. Donc je peux aller tuer mon grand-père. Ainsi l’univers tout entier est dans un double état “existe”/”n’existe pas”. Et je serai d’accord avec vous si je parlais de dual-universe (qui consiste a avoir deux branches d’univers alternatives) mais là, ce n’est pas le cas. Il on a juste doublé le nombre d’univers alternatifs. On a la dimension où je tue mon grand-père, celle où mon père me tue, celle où il ne me tue pas et celle où mon grand-père vit normalement. C’est 4 univers différents avec des liens intrinsèques entre eux mais 4 univers différents qui agencé de la sorte ne brise pas le principe de causalité.


Ainsi, la seule théorie qui tiendrait debout selon moi, si on était capable de faire des voyages dans le temps, est celle du multiverse. Et en l’occurrence, on ne voyagerait pas vraiment dans le temps mais d’un univers alternatif à l’autre (et à une époque différente de la nôtre). Bien sûr, tout cela est abstrait. Et surtout, il repose sur un grand prédicat qui est qu’on soit capable de voyager dans le temps ce qui est loin d’être fait et certaines études tendent à montrer que cela serait impossible.

EDITION : Suite à cet article, on m'a fait une très bonne remarque que je m'en vais répondre ci-dessus. La remarque était la suivante: "Après, tu fais une très grosse hypothèse dans ton mot, et dont tu ne parles pas. Tu fais l'hypothèse du libre arbitre sans contrainte. C'est-à-dire tu supposes que tes actions ne sont pas contraintes par la topologie particulière que tu donnes à l'espace-temps avec ton pont temporel. Une autre vision, plus simple à mon sens, serait que tout processus dans l'univers se doit de respecter l'existence du pont temporel, et donc ne peut pas créer de paradoxes parce que c'est mathématiquement impossible."

C'est une très bonne remarque et je le remercie de l'avoir partagé. Je pense qu'après, ici, c'est plus au niveau philosophique qu'il faut se pencher. Mon école de pensée (dont je ne prétends pas qu'elle soit meilleure) serait plutôt en faveur du "on a toujours le choix". Si je décide de changer d'action, je ne vois pas une action extérieure me contraindre à faire le choix "nécessaire", à mon corps défendant. Donc écartons ça. Si on part du principe du "Comme mon choix est conditionné par mon expérience (et je suis très en faveur de ça) alors mon opinion sera déterminé et on aurait qu'une illusion du choix. Les conditions initiales étant déterminées, on peut être certain du choix avant même qu'il soit fait", je dirai....possible. Toutefois, je bloquerai sur le paradoxe de Shakespeare.

Je le rappelle si ça ne parle pas forcément aux lecteurs. Je lis Hamlet de Shakespeare. Je remonte dans le temps et je donne le livre d'Hamlet à Shakespeare. Shakespeare copie alors bêtement le chef d'oeuvre et publie alors Hamlet que je lirai des années plus tard. Vient le paradoxe. Qui a écrit Hamlet? Cela n'est pas Shakespeare car il n'a fait que copier l'oeuvre qu'on lui a filé. Donc d'où vient la copie que je lui ai filé?

Si je suis ton raisonnement, je tiens bien compte de la boucle et ça marche très bien sauf si on regarde au départ l'existence même de cet boucle? Comment peut-on transmettre Hamlet si personne ne l'a jamais écrit. Il y a bien un auteur quelque part. Et pourtant, si je me cale sur ta théorie, la boucle aurait toujours existé et donc Shakespeare n'aurait jamais pu l'écrire. Donc d'où vient l'oeuvre?

C'est fascinant toutes ces questions sur le temps et l'espace.

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